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Monologue du poète démissionnaire

Je suis venu au monde sans pierre précieuse ni puits :
Est-ce pour autant que je m’en irai démuni ?
Je sais cultiver le sol et l’esprit
Et ceci doit bien produire un profit.


Mourrai-je de faim à cause des cœurs stériles ?
Ou la fin me fauchera-t-elle comme une tige sénile
Qui s’est rassasiée des fruits doux de sa sève
Tant labeur a eu valeur sur une terre de rêve ?


J’écris mal même si les miens m’admirent et me flattent.
De plus l’écriture est manifestement ingrate.
Aussi loin de l’habit vert que des billets verts,
Mieux vaut éteindre cette flamme que j’avais pour les vers.


Du haut de mes vers vermicides, ma muse m’amuse :
Car à la comprendre en vain je m’épuise.
Elle conserve le sens profond de ce qu’elle a dit,
Et très peu reconnaîtront n’avoir rien compris.


La sagesse m’a goûté d’immenses mélancolies.
Faire de la poésie ma vie fut pure folie.
Quoique d’autres plumitifs s’y lancent tout séduits,
Ils en ressortiront comme moi, déçus et meurtris !


Aujourd’hui mes pairs m’appellent démissionnaire,
Parce que je trouve menu ce pain forfaitaire.
Je me mets au foot, coûte que coûte comme Eto’o ;
Métier qui mettra chair entre ma peau et mes os !

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